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Brésil : L’effet du démantèlement des politiques de sécurité alimentaire amplifié par le Covid19

Pour de nombreuses familles brésiliennes pauvres, l’école ne signifie pas uniquement l’éducation, elle représente aussi la possibilité pour les enfants d’avoir accès à un repas complet et équilibré par jour. Cette possibilité est désormais bloquée en raison de la décision des gouvernements locaux de fermer des établissements scolaires pour de lutter contre le Covid19. Afin de compenser cet perte, l’action publique locale s’est organisée à travers la mobilisation des stocks alimentaires nationaux et la distribution de paniers alimentaires basiques. Mais compte tenu des choix politiques récents dans lesquels s’inscrit l’administration Bolsonaro, ces politiques d’aide alimentaire d’urgence connaissent des limites.
En juillet 2019, le Président de la république niait tout problème de sécurité alimentaire au Brésil,malgré un rapport de la FAO indiquant que 5,2 millions de brésiliens souffraient d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Et si Jair Bolsonaro affirmait il y a peu que « la faim tue davantage que le virus », c’était davantage pour justifier sa politique de limitation de l’isolement social et sa volonté de reprise de l’activité économique, que le reflet d’une vraie préoccupation pour la sécurité alimentaire. L’une des premières mesures qu’il a adopté lors de sa prise de fonction en 2019 a été de supprimer le Conseil national de sécurité alimentaire et nutritionnel (CONSEA), principale institution en charge de la sécurité alimentaire en charge du suivi du programme Faim Zéro. Sous son mandat, le gouvernement a proposé de privatiser 27 des 92 unités de stockage de la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab), qui ont finalement été fermées. Les stocks publics des principaux produits composant la diète alimentaire des brésiliens tels que les haricots le maïs et le riz sont largement insuffisants pour faire face à l’urgence alimentaire. Face à la demande croissante de consommateurs qui commencent à stocker des produits par peur de la pénurie, les prix de certains produits comme les haricots augmentent.
Le danger de voir émerger rapidement une crise alimentaire de grande ampleur a conduit le gouvernement fédéral, le 7 avril 2020, à amender la loi afin d’autoriser la distribution immédiate des denrées alimentaires acquises avec les moyens financiers du PNAE aux parents des enfants scolarisés. Le programme d’acquisition des aliments (PAA), autre mesure d’achat public qui était pratiquement abandonnée l’an dernier, a été réhabilité à travers l’annonce, le 8 avril 2020, par la ministre de l’Agriculture, d’une dotation de 500 millions de réaux (environ 100 millions d’euros), afin d’acheter des aliments produits par les agriculteurs familiaux.
Ces mesures seront-elles suffisantes pour constituer des stocks et éviter l’insécurité alimentaire dans les villes où les problèmes de sécurité risquent de se poser avec le plus d’acuité ? L’un des grands défis concerne leur mise en œuvre, car la structure d’appui social auparavant existante a été affaiblie par l’action récente du gouvernement. Les coopératives et les associations d'agriculteurs qui géraient le PNAE et le PAA luttent pour survivre. Certaines d'entre–elles se sont pourtant révélées fondamentales pour la distribution de nourriture en période de pandémie, y compris avec de nouveaux systèmes de livraison à domicile. Le gouvernement devrait reconnaître qu'il s’agit d’acteurs fondamentaux pour garantir la sécurité alimentaire de la population à long terme.