Fertilisation de la canne à sucre : une deuxième séquence dédiée à la fertilité des sols

22/02/2021
Les 2 et 8 février ont eu lieu la deuxième séquence du séminaire d’information et d’échanges sur la fertilité des sols et la fertilisation de la canne à sucre, rassemblant une quarantaine de conseillers agricoles. Organisée par le Cirad et eRcane sous l’égide du RITA Canne, cette séquence visait à consolider et mettre en pratique les connaissances des conseillers en matière de fertilité des sols, afin de remettre leur métier au cœur du processus d’amélioration des pratiques concernées dans les exploitants cannières.
Illustration pédagogique des multiples caractéristiques qui déterminent la fertilité d’un sol
Illustration pédagogique des multiples caractéristiques qui déterminent la fertilité d’un sol

©M. Dailloux, Cirad

De la théorie à dose pédagogique pour consolider les connaissances

Les deux matinées de cette deuxième séquence ont été consacrées à des interventions sur la diversité des sols et les composantes physique, biologique et chimique de leur fertilité. Les interventions d’Antoine Versini, Matthieu Bravin et Cécile Nobile, chercheurs-biogéochimistes du sol au Cirad, ont tour à tour rappelé le socle de connaissances historiques à maîtriser, fait état des connaissances nouvellement acquises dans le contexte réunionnais et échangé avec les conseillers sur les opportunités en matière de traduction opérationnelle de ces connaissances sur le terrain.

Intervention du matin dans la salle de conférence de la Step du Grand Prado (Runéo, Sainte Marie)

©M.Dailloux, Cirad

Au programme:

  • Les principales caractéristiques physiques des sols (texture, structure, pierrosité et profondeur) ont premièrement été rappelées, en soulignant leurs conséquences, parfois oubliées, sur la fertilité du sol.

Comme l’a rappelé A. Versini, « un sol peut présenter une très bonne capacité à fournir de l’azote à la canne lors de l’analyse au laboratoire mais s’avérer très pierreux sur le terrain, ce qui ne le rendra au final pas forcément plus fertile qu’un sol non pierreux ayant un plus faible potentiel à fournir de l’azote ».

  • Le rôle central de la capacité des sols à retenir les éléments nutritifs afin de les mettre progressivement à la disposition de la plante a ensuite été abordé.
  • Un focus important a été fait sur l’acidité des sols qui reste à La Réunion le principal déterminant de cette capacité de rétention et, de ce fait, de la capacité des sols à alimenter la canne en phosphore et en potassium.

« Cette capacité, qu’on appelle aussi disponibilité, peut être appréhendée avec la même logique que la gestion de notre argent. Les quelques pièces que nous avons en poche sont immédiatement disponibles mais notre argent se trouve principalement sur un compte en banque qu’on ne peut généralement pas mobiliser aussi rapidement. Tout l’enjeu de la bonne gestion de la fertilité chimique du sol est de permettre une bonne circulation des éléments entre le compte en banque et la poche pour assurer une alimentation efficace de la plante tout en limitant les pertes vers l’environnement » a expliqué de façon pédagogique C. Nobile.

La part belle à l’étude de cas concrets pour mettre en pratique les acquis

Les après-midi se sont déroulées sur le terrain. Les conseillers ont été accueillis le 2 février sur l’essai  à La Mare (Sainte Marie) coordonné par Amélie Février, ingénieure d’expérimentation à eRcane, et le 8 février sur l’essai de démonstration du Rita Canne à Mahavel (Saint Pierre) coordonné par Emmanuelle Goux, technicienne à la Chambre d’Agriculture.

Après une présentation de chaque essai, les conseillers ont été amenés à mettre en pratique par petit groupe les connaissances évoquées le matin au travers de deux ateliers.

  • Le premier atelier était dédié à l’outil de conseil indispensable qu’est l’analyse de sol, depuis le prélèvement de l’échantillon sur le terrain jusqu’à la lecture du bulletin d’analyse et son interprétation. 
  • Le second atelier a été lui focalisé sur le diagnostic de l’acidité des sols à partir du bulletin d’analyses et à sa gestion par l’élaboration d’un conseil technico-économique adapté en matière d’apports d’amendements chaulants.

Cette mise en pratique a été particulièrement stimulante pour les conseillers, en leur permettant de mieux appréhender les outils sur lesquels ils peuvent s’appuyer pour élaborer leur conseil aux agriculteurs.

 

« Les deux ateliers sur le cas d’étude de l’essai de démonstration sur la nécessité du chaulage des sols canniers ont été particulièrement éclairants. Cela a non seulement permis de faire le point sur l’efficacité despratiques un an après les premiers apports, mais m’a également donné les éléments de pilotage à considérer pour prolonger cet essai. C’est avec des améliorations tangibles que nous pourrons convaincre les agriculteurs d’investir techniquement et financièrement dans le redressement de l’acidité de leurs sols », s’est réjouie E. Goux.

Remettre le rôle des conseillers agricoles au cœur du pilotage de la fertilité des sols dans les exploitations cannières

Parfaitement dans l’esprit de ce séminaire, cette deuxième séquence dédiée aux sols a rempli son objectif à double-titre. Les conseillers ont pu y trouver des informations faisant écho à leurs préoccupations quotidiennes. Les chercheurs, quant à eux, ont pu bénéficier du retour des conseillers sur les réalités du terrain qui limitent parfois l’adoption des pratiques de gestion des sols les plus optimales du point de vue agronomique.

Comme le souligne M. Bravin, « c’est exactement ce qui est recherché à travers ce séminaire : d’une part, améliorer les échanges et l’interaction entre nos métiers respectifs afin de mettre la recherche-développement au service de l’agriculture et, d’autre part, transmettre le maximum d’éléments aux conseillers pour replacer leur métier cœur de la dynamique d’amélioration de la gestion des sols et de la fertilisation de la canne ».

Pour rappel, ce séminaire construit en cinq séquences se poursuivra en 2021 avec les trois dernières séquences :

  • N°3 en mars : La plante, ses besoins et ses interactions avec le sol
  • N°4 en avril : Les outils d’aide à la décision autour de la fertilisation
  • N°5 en mai : Bilan du séminaire autour du raisonnement de la fertilisation dans le contexte de gestion de l’exploitation agricole
Participants à la session du 2 février 2021

©M. Dailloux, Cirad