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Le Fleuve de l'intégration nationale : Fleuve São Francisco

Connu sous le nom de « Fleuve de l’intégration nationale », le fleuve São Francisco draine un immense bassin de 630 000 km2, traversant six États sur plus de 2 900 km, reliant divers climats et écosystèmes. Ressource fondamentale pour le développement des États qu’il traverse (Minas Gerais, Bahia, Pernambouco, Sergipe, Alagoas e Goias), l’eau du fleuve est partagée pour divers usages à travers un système complexe qui englobe différentes échelles et acteurs et qui affecte qui reçoit l’eau, quand et comment. Dans un contexte de sécheresses récurrentes et d’artificialisation de plus en plus importante du fleuve et de son bassin, les conflits autour de l’eau se multiplient, prenant de nouvelles formes et expressions, aggravant toujours plus les injustices sociales et environnementales. L'objectif global des recherches qui seront menées par Veronica et Luke, dans le bassin du fleuve São Francisco, sera de faciliter le développement de modalités de gouvernance et d'utilisation de l'eau plus équitables. C'est pourquoi dans un premier temps, ils cherchent à comprendre les systèmes de gouvernance de l'eau existants en examinant en particulier les luttes pour l’autorité et la légitimité et les conséquences en termes de justice et d’inégalités socio-environnementales. Cette première visite de terrain leur a permis des prises de contact avec des institutions de recherche, des municipalités riveraines et des acteurs de la société civile.

L'Expédition Scientifique du Baixo São Francisco 

Leur voyage a débuté dans la ville de Maceio, dans l'État d'Alagoas, proche de l’estuaire, où ils ont été reçus par l’équipe du professeur Emerson Soares à l’Université Fédérale d’Alagoas (UFAL), qui organise tous les ans depuis 2017 une Expédition Scientifique du Baixo São Francisco pour étudier les problèmes écologiques et sanitaires liés à la dégradation de la qualité de l’eau par des pollutions d’origine agricole, urbaine ou minière, ainsi que l’impact écologique des hydrocentrales. Ils ont rencontré également Neison Freire de l’Institut Brésilien de Géographie e Statistiques (IBGE). En plus des possibilités de collaboration scientifique, les collègues brésiliens ont exprimé leur intérêt pour la mobilité des étudiants de troisième cycle entre la France et le Brésil, car « cela fera une grande différence dans la formation de ces étudiants et influencera certainement directement leur développement professionnel », souligne José Vieira, professeur de l’UFAL campus d'Arapiraca.

Complexe de Paulo Afonso : 7 hycrocentrales pour un transfert d'eau du Fleuve São Francisco vers d'autres Etats du Brésil

Après la découverte des problématiques environnementales et sociales (la salinisation de la rivière, la dégradation de la pêche, la pollution aux métaux lourds et les problèmes sanitaires des riverains) dans l’estuaire et la partie aval de la rivière (Piaçabuçu, Penedo, Piranha), ils ont continué la visite avec le complexe des 7 hydrocentrales de Paulo Afonso et les ouvrages récemment inaugurés pour amener l’eau du fleuve jusqu’au Fortaleza (Ceara) sur quelques 600 km. Ces ouvrages font partie d’un projet pharaonique de transfert d’eau du fleuve vers d’autres États du Nordeste : Paraiba (axe finalisé en 2019) et Rio Grande do Norte (actuellement en travaux). La visite technique a été réalisée avec des ingénieurs de la SOHIDRA – Superintendance des Œuvres Hydrauliques du Ceara, ainsi que Paulo Fereira, superintendant qui a facilité cette visite. Ils ont également rencontré des élus et des membres de la société civiles mobilisés pour la « revitalisation » de la rivière, à travers notamment la lutte contre les pollutions d’origine urbaine, agricoles et minière et la valorisation touristique du patrimoine écologique et culturel de la rivière.

Perspectives

Faisant objet d’un des plus grands projets de transfert d’eau entre bassin versant dans le monde, le Rio Sao Francisco est également un chantier extrêmement complexe en termes de gouvernance et partage de l’eau, dans une région connue pour les sècheresses historiques et les « luttes pour l’eau ». Veronica et Luke espèrent que ces premiers contacts avec la rivière et ses acteurs, faciliteront le montage de projets et dispositifs de recherche interdisciplinaires et participatives qui permettront une meilleure compréhension des enjeux de cette gouvernance en termes de justice socio-environnementale et des usages plus équitables et durables de l’eau.