Renouvellement des modes d’usage des terres face aux enjeux à l’horizon 2030

22/05/2024
La 4e édition de la Conférence intensification durable de la production agricole (CID) s’est tenue à Dakar au Sénégal du 23 au 25 avril 2024. Organisée par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), le Cirad, la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES) et entre autres organismes, la Cid a rassemblé des chercheurs, entrepreneurs, décideurs politiques et organisations de la société civile pour échanger sur la résilience des exploitations et les adaptations des agriculteurs : transition agroécologique pour une souveraineté alimentaire.
4e édition CID 2024
4e édition CID 2024

Présidium de la 4e édition de la Conférence Intensification Durable (CID) à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. © I. Diallo, Cirad

Les discussions ont mis en lumière l'importance d'une approche intégrée, multidisciplinaire voire transdisciplinaire pour aborder les défis, à l’horizon 2030, liés aux modes d'usage agricoles des terres pour un développement durable. Les sujets couverts, allant de la gestion du carbone des sols à l’accompagnement d'une transition agroécologique en passant par l'adoption de pratiques agricoles durables, soulignent la nécessité d'aborder ces questions de manière holistique en tenant compte des interrelations complexes entre les aspects environnementaux, sociaux et économiques.

L'accent mis sur l'agriculture familiale en Afrique subsaharienne et sur la vulgarisation des innovations agroécologiques auprès des producteurs renforce l'importance de l'engagement des acteurs locaux dans la promotion de pratiques durables. Impliquer les agriculteurs dans le processus de développement et de diffusion des technologies et des pratiques agricoles favorise une adoption plus large et plus efficace des solutions durables.

Quels messages apportés à la COP16 ?

Les communications soulignent :

  • la nécessité d’agir collectivement face à la dégradation alarmante des sols des pays subsahariens et d’ailleurs pour une vision commune à la prochaine ;
  • le besoin de prendre en compte les outils d’évaluation de la productivité primaire ;
  • l’importance de joindre les aspects socioéconomiques à la gestion des effluents du bétail pour une transition agroécologique durable mais aussi l’acquisition des données propres aux réalités des zones dans l’évaluation de l’impact de l’élevage ;
  • l’importance de l’implication des politiques jusqu’aux paysans dans l’appropriation des acquis des recherches pour une transition agroécologique durable.

Pour encourager les transitions agroécologiques des études sont nécessaires pour nourrir le plaidoyer et la sensibilisation auprès de toutes les parties prenantes. Il s’agit notamment d’évaluer l’impact des pratiques agroécologiques (inoculation des résidus de récolte, recyclage de déchets organiques, le paillage...) sur la microbiologie des sols et la nutrition des individus, d’analyser les dimensions liées au genre dans les pratiques et transitions agroécologiques, de prendre en compte le caractère multidimensionnel de l’agroécologie pour appréhender les compromis et synergies, d’examiner l’adoption de l’agriculture biologique et enfin proposer une démarche méthodologique pour analyser la gouvernance des ressources naturelles.

Les pistes d’orientation future de la recherche

Le défi de l’évaluation au service de la diversification technique

Pour enrichir la boîte à outils des pratiques durables et garantir leur adoption, il est attendu des chercheurs une meilleure évaluation des performances agronomiques mais également une prise en compte des aspects complémentaires de pénibilité du travail, d’accessibilité aux produits nécessaires (par exemple pour les inoculations) et de rentabilité économique. La recherche devrait axer ses travaux, entre autres, sur la caractérisation de l'agroécologie (critères qui définissent un producteur en transition ; proportion des producteurs en transition...), les potentiels impacts négatifs des technologies "vertes" et la poursuite des efforts sur les démarches participatives de la recherche (dépasser le cloisonnement monde paysan/recherche).

Le défi du changement d’approche  

Pour une vision holistique de la durabilité, la recherche se doit de changer de posture et d’adopter une approche plus globale. Au-delà de la parcelle et du technique, la prise en compte des échelles plus larges (régionale, nationale et continentale) et des dimensions politiques et économiques est nécessaire. Pour cela, il faut mobiliser les sciences humaines (géographie, sociologie …) et économiques en plus des approches issues des sciences de la nature.

Le défi politique

Il est important de faire connaître les besoins de l'agriculture durable au nouveau gouvernement du Sénégal pour créer les conditions optimales à son développement futur. Des chiffres et des preuves doivent nourrir le plaidoyer pour des agricultures plus résilientes avec l’élaboration de stratégies pour une meilleure valorisation de la recherche.

Le défi numérique

La recherche devrait s’orienter sur la prise en compte des impacts et des limites de l’utilisation des technologies du numérique, de la communication et de l’intelligence artificielle, et la nécessité de rendre accessible les données avec la mise en place et la consolidation de plateformes de partage de ces données pour connecter les acteurs.