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Fin du projet PROFEAAC sur l’exploitation artisanale du bois d’œuvre au Cameroun

Présentation portant sur la réhabilitation forestière au Cameroun. © S. Koutchou, Cirad
Le bois artisanal est omniprésent dans la vie quotidienne des Camerounais (construction, fabrication de meubles) et pourtant, cette filière est encore négligée, parfois même criminalisée. Le permis d’exploitation du bois d’œuvre (PEBO), censé permettre aux artisans de travailler légalement, est gelé depuis 2012. Résultat : les petits exploitants restent contraints à l’informalité, sans reconnaissance ni soutien, malgré leur efficacité, leur dynamisme et leur rôle clé dans l’approvisionnement national en sciages.
Une approche intégrée pour une analyse complète de la filière bois
Bien que les actions de terrain aient été concentrées dans les communes de Mindourou et Dzeng, l’approche du projet s’est voulue nationale. Ces deux localités ont été choisies pour leurs profils contrastés : Mindourou, plus éloignée, moins anthropisée, dotée d’une forêt de meilleure qualité et Dzeng, proche de Yaoundé, fortement dégradée et plus densément peuplée.
Ce choix stratégique a permis une analyse complète de la filière bois, de la forêt jusqu’aux marchés urbains, et a donné lieu à des résultats concrets :
- La mise en place de sites de sciage légalisés dans les communes pilotes
- La formation des exploitants et la structuration de coopératives locales
- Le développement d’une méthode innovante de détection de la dégradation forestière par images satellitaires
- Une sensibilisation multicanale du public à l’importance du bois d’origine légale (films et flyers diffusés sur les réseaux sociaux et dans les médias classiques)
Malgré ces avancées, des défis importants subsistent : traçabilité quasi inexistante, faible demande des consommateurs pour du bois légal, et cadre règlementaire encore inadapté. La mise en œuvre effective de l’arrêté ministériel exigeant du bois légal dans les marchés publics reste notamment à renforcer.
Quels résultats concrets pour les forêts et les scieurs ?
Suivant les quatre composantes clés du projet, les résultats obtenus sont les suivants :
Composante 1 : Estimation et suivi de la dégradation liée à l'exploitation artisanale
- Parcours de 8 villages dans les zones de Mindourou (Nemeyong, Ampel, Eden et Medjoh) et de Dzeng (Ebod-Nkou, Aka'a, Assok et Mekom)
- 35 chantiers d’exploitation artisanale identifiés à Mindourou, exploités par 28 scieurs différents
- 39 chantiers d’exploitation artisanale identifiés à Dzeng, exploités par 30 scieurs différents
Composante 2 : Appui aux expériences de réhabilitation forestière en République démocratique du Congo (RDC) et au Cameroun
- Elaboration de deux manuels illustrés :
- Production en pépinière des plants forestiers et fruitiers en Afrique centrale pour faciliter la compréhension des étapes de la production de plants d'arbres
- Restauration forestière en Afrique centrale
Composante 3 : Soutien à l'exploitation artisanale légale et renforcement des capacités des exploitants
- Une quinzaine d’exploitants formés aux techniques d’exploitation sécurisée et à faible impact dans les deux communes
- 30 scieurs artisanaux formés à l’abattage dirigé dans les deux sites au Cameroun
- 30 scieurs formés à l’analyse financière et à l’analyse PESTEL (Politique, Economique, Sociologique, Technologique, Environnemental et Légal)
- Constitution de coopératives de scieurs
- Identification de sources légales de bois pour les coopératives créées
Composante 4 : Régulation et valorisation de l’exploitation artisanale du bois dans le développement des entités territoriales décentralisées.
- Réalisation d’une analyse de la chaîne de valeur de la filière bois dans chaque commune du projet
- Création d’une plateforme multi-acteurs à Mindourou pour la gestion communale des ressources forestières
- 2 coopératives d’exploitants forestiers artisanaux mises en place pour structurer la filière et faciliter l’accès au bois d’origine légal
- Formations en gestion d’entreprise et administration des coopératives pour améliorer la gestion des revenus
Le ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) a joué un rôle central dans la conduite du projet, illustrant une collaboration rare et durable entre administration et chercheurs. La stabilité des équipes du ministère a été un levier clé du succès du projet. En revanche, l’implication d’autres administrations, comme l'Institut national de la statistique (INS), reste à construire, notamment pour intégrer les filières informelles dans les statistiques nationales.
Et après PROFEAAC ?
Alors que le projet est arrivé à son terme, la priorité est à la pérennisation des acquis. Les acteurs communautaires, les marchés locaux et les filières déjà en place constituent une base solide pour continuer à faire évoluer la filière. Ces structures, ancrées dans les territoires et en lien avec un marché intérieur en pleine croissance, sont appelées à poursuivre le chemin vers une exploitation plus légale, plus durable, plus équitable. PROFEAAC montre qu’une autre voie est possible : une exploitation artisanale du bois qui soit à la fois légale, durable et économiquement viable. Pour cela, il faut poursuivre l’accompagnement des artisans, renforcer les outils de régulation et faire évoluer les représentations institutionnelles. Un chantier ambitieux, mais indispensable pour préserver les forêts tout en soutenant les économies locales.